Sous le couvert de la réalisation d’un fanzine de potaches, le Piston Information (PI) dissimulait une organisation aux activités peu reluisantes : intimidation, double billetterie, élections truquées… Nous avons retrouvé un ancien gros bras du PI, Monsieur S., il témoigne.
Monsieur S., laissez-moi vous appeler S., qu’elle était votre place au sein du PI ?
En fait, je ne faisais pas partie de l’organigramme officiel du PI, mais j’étais dans la « famille ». Les VP Inf préféraient ne pas afficher leurs relations avec les individus comme moi. Je n’ai jamais touché à une seule babasse [Ndlr : forme imprécise d’imprimante], ni une ramette de papier et je crois n’avoir jamais rien écrit. Pour être franc, je n’ai jamais lu le PI, j’aimais juste les petits Mickeys … Mon rôle consistait à regarder les autres bosser et à lancer des blagues et des idées à deux balles, tout en buvant des bières. J’ai eu un instant de « gloire » quand on a mis en première page une de mes expressions plus graveleuses que les autres.
Comment se passaient les comités de rédaction ? Comment étaient choisies les Unes ?
A mon niveau, on ne pouvait pas participer aux comités de rédaction qui étaient réservés aux caïds, mais je peux vous dire que la recette était infaillible.
On prend tout d’abord une tête de turc classique de la famille, au choix : le directeur de l’école ou une autre personne de l’administration, un responsable du ministère à qui on demandait régulièrement du pognon et qui ne voulait rien lâcher, le président du BDE, une tête à claque habituelle du PI, ou bien un mal embouché qui n’avait pas pu entrer chez nous. Le journal dépendant de l’ADR, il était de bon ton de ménager les susceptibilités de son Président.
Après on prend un événement de l’actualité : l’explosion d’une navette spatiale, des avions qui explosent dans des tours, des fous furieux qui allument la rédaction d’un journal satirique,… vous mélangez le tout, et vous avez le conseil d’administration qui explose dans une navette ou n’importe quoi d’autre, le directeur de l’école qui s’écrase en avion sur les bâtiments de la résidence, le président du BDE ou un autre abruti qui allume le PI lors d’un comité de rédaction .. . Et voilà le travail (rires…)
Donc l’édition du PI c’était pour la galerie, mais revenons aux autres activités … racontez nous
Effectivement, le PI était une couverture bien utile notamment pour écarter les gens un peu trop curieux. Si on approchait trop, sans avoir été autorisé, on se prenait un scud ou une charogne dans le PI de la semaine suivante, ça en a refroidit plus d’un …
Les babasses du PI n’ont pas seulement servi à éditer ce foutu journal de potaches, elles ont servi, je peux vous le dire, à faire des faux tickets de boisson et des faux bulletins pour bourrer les urnes des élections du BDE. On peut imaginer que la technologie a évolué et que les suivants ont pu faire de faux polys ou de faux bons « Nutella » …
Excusez-moi, mais c’est quoi des « faux polys » ?
Ce sont des polys écrits en français, compréhensibles et agréables à lire. C’est fou ce qu’on peut faire aujourd’hui …
Ce n’est pas très joli, dites-moi, vous êtes fier de ce que vous avez fait ?
Je suis tombé la dedans assez vite en arrivant à la résidence, et j’ai eu beaucoup de mal à m’en sortir. C’était comme une drogue. Chaque Mercredi, fallait y aller, je ne pouvais pas m’en empêcher. Autour de moi, les gens ne me comprenaient pas, j’ai perdu beaucoup d’amis et je les ai remplacés par les membres de la famille. Après, quand ça s’est arrêté, j’avais perdu tous mes repères, j’avais du mal à revenir à la réalité. J’étais en manque de blagues potaches et de loufoquerie. J’ai fait une dépression mais je l’ai surmontée grâce à mes proches, depuis je suis devenu sobre, j’ai repris une vie normale, j’essaie d’oublier et de me faire pardonner.
On comprend bien, un dernier mot ?
Vous n’auriez pas le dernier PI des 30 ans de la 86 ? Allez un dernier… juste la fumée…